Open Source Body: Art, Open Health and Radical Care
Comment favoriser les rencontres entre les pratiques artistiques et la recherche biomédicale en santé ? Comment l’art peut-il soulever des questions d’équité dans l’accès aux soins ? Quel type de vocabulaire et de méthodologies pouvons-nous utiliser pour engager et encourager des collaborations interdisciplinaires susceptibles de contribuer activement au soutien des personnes vulnérables, malades ou victimes d’inégalités dans l’accès au soin ?Et comment pouvons-nous répondre à des questions aussi urgentes que l’exclusion des groupes marginalisés des soins de santé, les migrations mondiales, les effondrements de la santé environnementale et la nécessité de favoriser des soins radicaux en ces temps de pandémie ?
Des questions telles que « Mon corps et tout ce qui le constitue et tout ce qu’il produit m’appartiennent-ils ? » peuvent sembler avoir des réponses simples, mais elles ne vont pas de soi dans le contexte des traitements pharmacologiques, où les données sanitaires et génétiques sont collectées, stockées et commercialisées par des entreprises. Ces questions de contrôle, de propriété et de gouvernance de nos propres corps, qui ont toutes de graves répercussions individuelles, en particulier dans le cas des corps marginalisés, peuvent être soulevées par les pratiques artistiques. Les artistes chercheurs contemporains engagent également des discussions sur les politiques d’accès aux soins de santé ; les questions de santé planétaire liées à la reconnaissance des limites de la planète pour proposer une approche intégratrice, mettant notamment l’accent sur les dimensions sociales de la santé, l’aide au développement par la formation et l’autonomisation (des marginalisés sociaux aux minorités ethniques raciales des pays fortement industrialisés et des pays moins industrialisés) ; la revendication de l’autonomie corporelle, la subversion « xénopolitique » et la désacralisation de la science et de la médecine universitaire. Les artistes nous rappellent que la subversion, ou du moins l’établissement de points de résistance, est une condition préalable pour que les citoyens prennent le contrôle des défis posés par la science.
Parallèlement, les professionnels de la médecine, les living labs et les communautés scientifiques ouvertes apprécient l’esprit créatif des artistes, ainsi que leurs approches uniques pour discuter des valeurs éthiques et de l’équité dans l’accès aux soins de santé. Mais ces collaborations fragiles ont encore du mal à trouver des cadres dédiés pour une production fructueuse. Open Source Body entend favoriser ces rencontres entre les pratiques artistiques et la recherche en santé.
Open Source Body: une manifestation interdisciplinaire
De par sa structuration Open Source Body organise la rencontre entre des institutions culturelles et des tiers-lieux de la culture Open Source. Ainsi en 2018 le festival avait lieu entre la Gaîté Lyrique, le Centre de Recherche Interdisciplinaire et le biolab La Paillasse. En 2021 il aura lieu entre la Cité Internationale des Arts et le tiers-lieu Volumes Lab / Oasis21.
Le festival s’organise cette année dans le contexte de ART4MED.EU, programme Europe Créative de l’Union Européenne coordonné par le medialab Makery. ART4MED mène en 2021 des résidences d’artistes dans des institutions biomédicales, aussi nous inviterons nos partenaires – Waag (Nl), Labae (Dk), Kersnikova (Si), Bioart Society (Fi) – à présenter l’état de développement de leurs résidences.
Le festival mettra également cette année en focus le travail de l’artiste suisse Maya Minder qui développe actuellement le projet « Green Open Food Evolution » de narration spéculative autour de l’idée de « devenir Homo Photosyntheticus » et une recherche artistique sur les algues alimentaires, le microbiote humain et les symbioses animal-plante dans le cadre d’une résidence ArtExplora à la Cité Internationale des Arts. Maya Minder propose une série d’interventions et d’invitations avec le collectif suisse Badlab Project, laboratoire collectif d’idées et de pratiques interdisciplinaires à l’intersection de l’art, de la science, de l’artisanat et du soin ; la cinéaste suisse Sandra Bühler autour des paroles de scientifiques collectées lors de la phase de recherche de son projet de narration spéculative « Green Open Food Evolution » organisé en partenariat avec l’initiative Roscosmoe menée par Ewen Chardronnet et le laboratoire M3 de la Station Biologique de Roscoff (CNRS – Sorbonne Universités) ; la chercheuse Myra Chavez de l’Institut d’Anatomie de Berne et le réseau Hackteria d’art biologique open source. Le chercheur et commissaire d’exposition Jens Hauser (Fr/De/Dk) viendra proposer une lecture des axes de recherche à partir de ses travaux sur la symbolique de la couleur verte dans nos sociétés contemporaines et sur la microperformativité non humaine.
Egalement résidents à la Cité Internationale des Arts les artistes Benoit Piéron et Nathalie Harb investiront la Petite Galerie et proposeront aux participants de rentrer avec eux dans un décor de textile saponifié. Autre résidente, Annabel Guérédrat proposera une communication sur son travail de bruja dans le contexte de la prolifération des algues sargasses aux Antilles.
Une conférence suivie d’une discussion abordera la controverse des perturbateurs endocriniens et environnements toxiques à travers une rencontre entre le collectif d’artistes Aliens in Green et l’anthropologue Mariana Rios Sandoval (CNRS).
La notion de « radical care » selon une perspective latino-américaine, féministe et post-coloniale sera développée suivant une conférence et discussion avec la curatrice Natasa Petresin, l’anthropologue Elimia Sanabria (CNRS – Fr/Co) et les artistes Paloma Ayala (Badlab project, Mx), Luiza Prado (Br) et Aniara Rodado (Fr/Co).
Le collectif espagnol Quimera Rosa viendra clore les deux jours de symposium à la Cité Internationale des Arts par une communication autour de leur projet « Trans*Plant : ma maladie est une création artistique ».
Le samedi 22 mai le festival investira dès l’après-midi le tiers-lieu Volumes Lab / Oasis21 et son Foodlab avec deux ateliers (sur inscription) menés par Maya Minder et le collectif BadLab de Zurich. La journée se terminera par un buffet proposé par le Foodlab et une intervention du musicien slovène Janus A. Luznar qui proposera une performance audio-visuelle à partir de son rythme cardiaque.
Open source body: un évènement organisé par le medialab de Makery.info
Makery.info est un média d’information en ligne (newsletter, site internet, réseaux sociaux) fondé par Anne-Cécile Worms en juin 2014. Il vise à couvrir le dynamisme et à donner des informations sur les communautés créatives et la scène des labs, fablabs (laboratoires de fabrication, terminologie née aux États-Unis au sein du Medialab du MIT en 2001), makerspaces (pour le bricolage communautaire), hackerspaces (espaces autogérés par des personnes voulant détourner les technologies), medialabs (dédiés à l’expérimentation des nouveaux médias), living labs (également appelés tiers-lieux, ils englobent la co-conception utilisateurs-industries dans les processus d’innovation et d’expérimentation), biohacklabs (la version scientifique, DIYbio et bioinformatique des hacklabs), artlabs (dédiés à la production artistique).
Le médialab Makery est l’espace d’expérimentation du média Makery. Il permet de rassembler, de donner de la visibilité et de publier les projets et actions innovants du média : événements, partenariats médias, forums, productions artistiques, coopérations, formations et ateliers.
Open Source Body is co-financé par le CNC-Dicréam, le programme Creative Europe de l’Union Européenne, et ProHelvetia, Fondation suisse pour la culture.